La mode pas chère n’est pas solidaire
Des t-shirts à cinq euros au lieu de vingt, voilà qui pourrait nous faire croire que l’arrivée des enseignes de fast fashion – celles qui ont mis en place un système de renouvellement ultra-rapide de leurs collections – a bénéficié aux plus pauvres. Mais pour arriver à diviser le prix d’un t-shirt par quatre, l’industrie a fait plusieurs choix condamnables.
1. La fast-fashion sacrifie la qualité
En utilisant du coton pas cher, en le remplaçant par des matières synthétiques, en le fabriquant en cinq minutes, on arrive à drastiquement réduire le prix d’un vêtement. Résultat ? On doit en racheter plus souvent et donc payer plus cher dans la durée.
2. La fast-fashion délocalise
Payer une Bangladaise deux euros la journée plutôt que d’en dépenser soixante-dix pour une Française, c’est quand même une belle économie. C’est vers des pays où l’Etat ne protège pas les salariés, où le salaire minimum est inférieur au salaire vital et où les conditions de travail sont loin de la décence, que l’industrie textile s’est déplacée. Résultat ? Selon une étude de l’Insee publiée cette année, l’industrie a perdu 530 000 postes en France entre 2006 et 2015.
3. La fast fashion pollue
Traiter les eaux avant de les relâcher dans les rivières, produire du coton sans pesticides… ça coûte de l’argent. Et à cinq euros le t-shirt, on n’a pas les moyens d’avoir ce genre d’états d’âme. Résultat ? Selon le rapport Climate Works de 2018, l’industrie de la mode émet 8,1% des gaz à effet de serre du monde, soit presque autant que l’ensemble du transport routier de la planète. Or ceux qui ont le plus à perdre face à la crise environnementale sont bien les plus démunis. Ceux qui n’auront pas assez d’argent pour s’acheter des purificateurs quand l’eau potable viendra à manquer par exemple. Greenpeace a montré que 70% des rivières, lacs et réservoirs d’eau en Chine sont pollués à cause des usines de textile. L’injustice environnementale s’ajoute aux inégalités sociales.
Au final, qui paye ? Les personnes les plus démunies. La conséquence de cela, c’est qu’en aucun cas, on ne peut prétendre que la fast fashion soit solidaire. Car une mode solidaire doit rémunérer justement ceux qui la produisent, pas les réduire en esclavage. Elle doit utiliser les ressources naturelles avec parcimonie, et non produire chaque année des milliards de vêtements jetables. Elle doit s’assurer de polluer le moins possible plutôt que de tapisser l’estomac des poissons de microfibres de polyester.
La fast fashion n’aime pas les plus pauvres : ni ceux qui fabriquent ses vêtements, ni ceux qui les achètent. Ne vous y trompez pas : la mode pas chère n’est solidaire qu’avec sa propre croissance.
Qui on est pour dire ça ? |
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Vous êtes sur La Mode à l’Envers, un blog tenu par l’équipe de la marque de vêtements Loom. L’industrie textile file un mauvais coton et c’est la planète qui paye les pots cassés. Alors tout ce qu’on comprend sur le secteur, on essaye de vous l’expliquer ici. Parce que fabriquer des vêtements durables, c’est bien, mais dévoiler, partager ou inspirer, c’est encore plus puissant. Si vous aimez ce qu’on écrit et que vous en voulez encore, abonnez-vous à notre newsletter en cliquant ici. Promis : on écrit peu et on ne spamme jamais. |