Barbara Pompili, empêchez l’Afrique de devenir une poubelle pour nos vêtements

Comme beaucoup de gens, nous aussi, nous apportons consciencieusement les vêtements dont on ne veut plus dans les bornes de recyclage, en pensant qu’ils seront donnés aux plus démunis. Mais dans l’émission “Sur le Front”, diffusée dimanche 19 décembre 2021 sur France 5, on apprend que plus de la moitié des vêtements collectés dans ces bornes sont envoyés dans les pays étrangers, notamment en Afrique où ils polluent la vie de millions de gens.

Rien qu’au Ghana, avec ses 30 millions d’habitants, ce sont 15 millions de vêtements qui débarquent chaque semaine, dont 40% finissent par être entassés dans des décharges à ciel ouvert. Elles débordent tellement que les vêtements partent dans les égouts et finissent par s’accumuler sur la plage et dans l’océan.

Ce que l’on comprend dans ce documentaire, c’est que l’Afrique est devenue la poubelle de la mode jetable.

Ces déchets textiles viennent surtout de la “fast fashion”, qui nous propose en permanence de nouveaux vêtements à très bas prix. A cause de cette mode jetable, on achète trop : en moyenne, 42 vêtements par an ! Nous ne sommes pas mieux habillés pour autant – nous portons juste nos vêtements moins longtemps et nous les jetons plus vite. Nous jetons tellement que la France n’arrive plus à gérer ces montagnes de textile et doit les envoyer à l’étranger.

Et ce n’est pas le seul problème de cette fast fashion :

  • Elle accélère le réchauffement climatique : fabriquer des vêtements, cela émet des gaz à effet de serre. Parce qu’elle produit trop, l’industrie textile représente aujourd’hui entre 2 et 8% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
  • Elle exploite des gens partout dans le monde : les ouvriers textile à l’autre bout du monde sont extrêmement mal payés. La fast fashion est régulièrement impliquée dans des drames humains, comme l’exploitation des Ouïghours.
  • Elle pollue les pays qui reçoivent ces poubelles textiles mais aussi ceux qui produisent les vêtements, comme le Bangladesh, où des produits toxiques sont déversés directement dans les rivières.
  • Elle crée du chômage en France : la délocalisation de l’industrie textile a détruit 300 000 emplois en France en 25 ans.
  • Elle est une concurrence déloyale pour les industriels français : le salaire d’un ouvrier textile au Bangladesh est de 80€ par mois, de 23€ en Ethiopie. Comment les entreprises françaises peuvent-elles rivaliser face à un tel dumping social ?
  • Elle met en péril la filière de tri en France : en collectant des vêtements qui n’ont pas de valeur en France, l’équilibre économique de la filière du tri textile est en grand danger.

Malgré les grandes annonces des marques de mode, les volumes produits par l’industrie textile – et donc la pollution – n’arrêtent pas d’augmenter. Si rien n’est fait, la fast fashion continuera de grossir, générant toujours plus de déchets, de pollution et de misère.

Pour arrêter d’envoyer nos déchets textiles en Afrique, nous devons développer les infrastructures pour les gérer localement, mais surtout, il faut “fermer le robinet” de la mode jetable, avec des lois !

Le mouvement En Mode Climat, dont Loom fait partie, est un collectif d’entreprises cherche à faire changer les lois pour que l’industrie textile lutte vraiment contre le dérèglement climatique. C’est pourquoi nous demandons à Barbara Pompili, Ministre de la Transition écologique, de prendre les mesures suivantes :

  • Adopter un bonus-malus, comme il en existe dans l’automobile, allant jusqu’à 5€ pour les pires vêtements. Cette éco-taxe doit pénaliser les pratiques les plus polluantes et les marques qui poussent à la surconsommation (renouvellement effréné des collections, promotions artificielles, prix dérisoires).
  • Plafonner le nombre de vêtements de fast fashion importés en France, comme cela était fait jusqu’en 2005.
  • Arrêter d’envoyer nos déchets en Afrique et développer les infrastructures et débouchés pour les traiter localement, en France.

La fast fashion n’est bonne pour personne : ni pour la planète, ni pour les ouvriers, ni pour l’emploi, ni pour les habitants des pays à qui nous envoyons nos déchets. Certaines marques et consommateurs essaient de changer les choses, mais leurs efforts sont insuffisants s’ils ne sont pas accompagnés d’une action gouvernementale. Barbara Pompili peut prendre les mesures pour enrayer le développement de ce modèle destructeur. Nous avons tenté d’alerter plusieurs fois son ministère sans parvenir pour l’instant à les convaincre de prendre des mesures fortes. Sans vraie mobilisation citoyenne, les lobbyistes de la fast fashion arriveront toujours à bloquer les lois qui tentent de la réguler. Mais si nous sommes des milliers à signer et à relayer cet appel sur les réseaux sociaux, les médias pourront s’emparer de notre appel et les politiques nous écouteront.

>> Signer la pétition <<

 

Sources : 
– Proportion vêtements envoyés à l’étranger : le Relais
– Chiffres Ghana : The OR Foundation
– Émissions de Gaz à Effet de Serre Textile : McKinsey, Quantis, WRI
– Emplois perdus : INSEE
– Salaire Bangladesh : Éthique sur l’étiquette
– Salaire Ethiopie : Centre Stern pour les affaires et les droits de l’homme de l’université de New York
– Équilibre économique filière de Tri : FEDEREC

Crédit photo : Winter Production

2 commentaires

  1. Plutôt que d’aller polluer l’Afrique, pourquoi ne pas bruler les vieux vêtements inutilisables ? Dans une installation (centre d’incinération) bien contrôlée, cela permettrait a minima de récupérer de l’énergie. Et les cendres qui resteraient seraient peut-être exploitables.

    1. Oui, ou encore mieux fabriquer de l’isolant pour l’habitat. Les déchets textiles sont broyés et compressés et forme une matière isolante à poser en plaque.
      J’ai déjà acheté ce type d’isolant (qui revient plus cher malheureusement que de l’isolant peu écologique comme la laine de roche) et cela fonctionne très bien.
      Encore un blocage sur une simple logique de rentabilité ?

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