Décryptage
Nos analyses pour comprendre les dessous de l'industrie de la mode
La mite textile, anciennement appelée teigne des vêtements (ET C’EST BIEN MÉRITÉ), est un papillon de nuit dont les larves se nourrissent de kératine. Leur rôle dans l’écosystème est normalement de décomposer les parties des cadavres d’animaux qui se dégradent le plus lentement : peau, fourrure, griffes, cornes, sabots… On est donc plein de gratitude pour ces petites larves extrêmement utiles, mais on préférerait qu’elles laissent nos pulls en laine tranquilles.
Avant de ranger vos vêtements d’hiver, il faut donc vous assurer qu’aucune mite n’a élu domicile dans votre armoire. Voilà plusieurs pistes pour en avoir le coeur net :
Dans votre placard :
- en fouillant dans votre dressing, ou en secouant vos pulls, des petits papillons argentés se sont envolés (une mite textile mesure un peu moins de 1 cm de long),
- vous avez trouvé dans les recoins de votre placard des cocons blancs à l’apparence cotonneuse (spoiler : ce sont des cocons de mites),
Sur vos vêtements :
- vous avez repéré des trous assez caractéristiques : c’est comme si vous aviez arraché une maille mais sans que des fils ne dépassent du trou,
- l’un de vos pulls présente plusieurs trous dans la même zone,
- les trous sont irréguliers et pas très grands (environ 0,5 cm de diamètre) et apparaissent sur les matières animales, surtout sur la laine ou la soie.
Si vous avez répondu positivement à l’une de ces affirmations, prenez votre courage à deux mains et suivez la guide :
Ou plus précisément : comment se débarrasser des larves de mites car comme nous l’expliquions plus haut, ce sont les larves de mites qui se nourrissent de kératine et qui font les trous dans vos pulls. Les mites adultes, quant à elles, ne mangent pas : elles ont une espérance de vie d’une dizaine de jours pendant lesquels leur seul objectif est de trouver un endroit propice pour pondre. #mumlife #proudmama
Les larves de mite craignent le mouvement et leur instinct de survie peut les amener à se cacher dans n’importe quel vêtement ou recoin (même si elles ne mangent que les matières animales in fine). Je vous conseille donc de traiter tous les vêtements rangés à proximité de vos lainages troués ainsi que votre placard pour être sûrs d’éliminer toutes les larves. Voici comment procéder :
Une fois que vous avez fait tout ça, vous pouvez à nouveau ranger vos vêtements dans votre armoire le cœur léger. Mais ne criez pas victoire trop tôt : il faut désormais vous assurer que les mites ne reviennent pas.
Pour tenir les mites à l’écart de votre dressing, il y a quelques trucs à savoir :
Pour éloigner ces bêtes destructrices de dressing, on utilisait historiquement des boules de naphtaline, jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’elles étaient irritantes pour la peau, les muqueuses oculaires et les voies aériennes chez l’homme (particulièrement chez l’enfant) et qu’on interdise leur commercialisation en 2008.
En l'absence de naphtaline, il faut s’en remettre au répulsif naturel le plus connu contre les mites textiles : le bois de cèdre, qui contient plusieurs types d’alcools tueurs de larves (après tout, c'est comme ça que le cèdre se protège lui-même des insectes susceptibles de le dévorer). Dès 1682, on trouve des écrits préconisant de conserver ses lainages dans des armoires en bois de cèdre. Une croyance populaire qui a été scientifiquement confirmée en 1952 grâce aux chercheurs Huddle et Mills avec une conclusion sans appel : “Les larves exposées à 0,6 mg/l de vapeur d'huile de bois de cèdre avaient une mortalité de 91 % en une semaine. Un autre lot de larves exposées à 1-2 mg/l de vapeur d'huile de bois de cèdre a eu une mortalité de 100 % dans les 8 à 24 heures suivant l'exposition. [...] ”. À la bonne heure !
On peut trouver des bâtonnets de cèdre à visée anti-mites dans la plupart des grandes surfaces, mais ils sont généralement fabriqués à partir de bois d’Amérique du Nord puis façonnés en Chine, et c’est quand même dommage d’importer ce genre de produit quand on vit dans un pays qui regorge de forêts de cèdres (aka La France).
On a donc fait un peu de zèle chez Loom et on a conçu notre propre kit anti-mites 100% local en travaillant avec ces deux supers entreprises :
Vous vous êtes enfin débarrassés durablement des mites textiles mais il reste de leur passage chez vous quelques mailles trouées. Pour éviter que ces trous ne s’agrandissent au fil du temps, je vous conseille de les refermer proprement.
Armez-vous de patience, d’une aiguille et de laine à repriser dans la bonne couleur comme celle-ci et suivez les instructions de cette vidéo qui explique pas-à-pas comment repriser vos pulls troués.
Il existe aussi d'excellentes formations plus poussées pour apprendre à réparer vos vêtements troués :
Vous pouvez également confier vos pulls à des artisans spécialisés sur ce sujet. C’est notamment le cas de Julie, la créatrice de La Clinique du Pull qui est basée à Paris mais à qui vous pouvez envoyer vos pulls par la Poste. Elle en fera des merveilles, la preuve en images :
Pour un reprisage invisible maille à maille comme celui sur la photo ci-dessus, il faut compter une dizaine d’euros par trou. Le résultat est totalement invisible mais si une mite a fait un festin de votre pull, l'addition peut vite être salée.
Si votre budget est plus réduit ou si votre pull est tellement troué qu’il ressemble à une meule d’Emmental de Savoie I.G.P, il existe l’option “tamponnage” qui est plus simple à effectuer que la précédente : Julie noue ensemble tous les fils dévorés par la larve de mite afin d’empêcher au trou de s’agrandir, puis recouvre la zone avec du feutre de laine pour cacher et solidifier la zone. Cette technique coûte quelques euros par trou à reboucher. J’ai personnellement opté pour un tamponnage visible avec de la laine colorée, mais il est totalement possible de lui demander un tamponnage ton-sur-ton si vous n’avez pas envie de ressembler à une coccinelle sous exta vue par un daltonien.
Voilà, vous savez à peu près tout sur les mites, leurs larves, les forêts de cèdre Français et la réparation par tamponnage. Prenez soin de vos pulls en laine et surtout : sus aux mites !
Qui suis-je pour vous parler d’entretien de vos vêtements ?
Je m’appelle Claire et je suis en charge de suivre la production chez Loom. En gros, j’essaye d’éviter les ruptures de stock sur notre site (bon c’est pas encore parfait, mais j’y travaille) et je m’assure tout au long des étapes de fabrication que les vêtements sont conformes à nos exigences de qualité.
En plus de ça, je suis passionnée par tout ce qui permet d’allonger la durée de vie de nos vêtements : entretien, réparation et autres astuces de grand-mère. J’aime donner des “petits suppléments d'âme” aux vêtements, les retravailler, les réparer, leur redonner une chance quand plus personne ne veut d’eux. Sur ces pages, j'essaierai de vous transmettre ce que je sais et qui pourrait vous être utile.
Dernière chose : toutes les astuces que vous trouverez sur ce site, je les ai vraiment testées et je me suis assurée personnellement qu’elles marchent (en d’autres termes, ce n’est pas un copié-collé de recherches sur internet). Si vous en avez des nouvelles à me suggérer, n’hésitez pas à laisser un commentaire en dessous de cet article.
Crédit photo bannière : Victoria Bilsborough.
23 mai 2022. On appuie sur le bouton qui envoie la newsletter annonçant la sortie de notre jean bleu homme. A première vue, rien de révolutionnaire pour une marque de vêtements. Sauf que ce jean, il est un peu spécial : il devrait trouer moins vite que les autres à l’entrejambe. Pour en arriver là, on a travaillé pendant trois ans, inventé un nouveau test d’usure avec notre laboratoire et fini par développer notre propre tissu dans les Vosges. On vous emmène avec nous.
Avant de se lancer dans la fabrication de notre jean, on vous avait envoyé un petit questionnaire : “C’est quoi le problème avec vos jeans en général ?”. Et à question simple, réponse simple : le problème, c’est les trous à l’entrejambe.
Eh oui : quand on marche, la cuisse frotte contre l’autre cuisse (ou plutôt : contre le bas de la fesse), ce qui fragilise le tissu du jean puis finit par le trouer.
Pour fabriquer le nôtre, il fallait donc d’abord comprendre pourquoi certains jeans trouent plus vite que d’autres. Notre premier réflexe : écumer les centaines d’articles sur internet consacrés au “crotch blow out” (c’est comme ça qu’on dit “trou à l’entrejambe” au pays du jean) et à sa (ses ?) cause. Mais sur les sites et forums américains, personne n’était d’accord : toile trop fine, présence d'élasthanne, coton de mauvaise qualité, coupe trop serrée, coutures trop épaisses, humidité liée à la transpiration…
Mais alors… comment tirer ça au clair ?
Un jour, on a eu une révélation : la vérité sur les trous des jeans se cache très probablement… dans les chinos. Eh oui, notre chino Loom, on le vend depuis 2019 et on est sûrs d’une chose : on ne nous a presque jamais remonté de trous à l’entrejambe, et les rares clients à avoir percé cette zone font un usage intense du vélo ou de la moto - bref, nos chinos ne trouent pas à cause du frottement de la marche.
La question était donc tout simplement : quelles sont les spécificités du jean par rapport un à chino qui pourraient expliquer la formation de trous à l’entrejambe ?
Cette question nous a permis de d’éliminer la plupart des hypothèses trouvées sur ces sites américains :
Il nous restait donc seulement deux hypothèses à tester :
Hypothèse n°1 : la couture double. La couture intérieure de la jambe des jeans est plus épaisse que celle des chinos – une couture double qui pourrait causer des frottements plus intenses que sur les chinos.
Hypothèse n°2 : la rugosité. Les fils des jeans sont plus gros que ceux des chinos : leur tissu est donc plus rugueux. Quand une cuisse frotte contre l’autre, c’est un peu comme si un papier de verre frottait le tissu.
Pour tester nos hypothèses, on a décidé de simuler les frottements avec notre laboratoire (SMT), lors un test dit “Martindale” : une machine frotte le tissu jusqu’à ce qu’un trou apparaisse. Le résultat se compte en nombre de cycles : plus le nombre est élevé, plus le tissu est résistant.
Pour commencer, on a voulu vérifier que le test Martindale simule bien ce qui se passe dans la vraie vie : on a donc testé un tissu de jean et un tissu de chino pour vérifier qu’en labo aussi, le jean troue plus vite que le chino.
Mais quand on a reçu les résultats, surprise : en laboratoire, le jean avait tenu deux fois plus longtemps que le chino (100 000 vs. 50 000 cycles). Le contraire de ce qui se passe dans la vraie vie…
Alors on a réfléchi deux secondes (ok, plutôt deux semaines) : ce test Martindale ne peut pas simuler ce qui se passe réellement à l’entrejambe, puisqu’il utilise la même matière standard pour frotter contre le tissu. Or, quand on marche, c’est le tissu qui frotte contre lui-même ! On a appelé notre labo et imaginé ensemble un autre type de test où on remplace la "laine abrasive" standard par le tissu lui-même. Après quelques ajustements sur le bon niveau de pression, ce test répondra au doux nom de “Résistance à l'abrasion des étoffes méthode Martindale modifiée tissu contre tissu, pression 12 kpa”.
Quelques jours plus tard, les résultats du nouveau test tombaient :
Bingo ! On avait trouvé un test laboratoire qui simule bien ce qui passe dans la vraie vie : le chino résiste (au moins) trois fois mieux que le jean aux frottements : 100 000 vs. 35 000 cycles.
On pouvait donc passer à l’étape suivante : tester nos deux hypothèses pour trouver la cause de ces trous intempestifs sur vos jeans.
Pour tester la première hypothèse (la couture double du jean), on a remplacé le tissu simple par un tissu avec couture sur la machine Martindale… Quand on a reçu les résultats, on s’est aperçu que ça ne changeait rien : la couture ne fragilise pas le tissu. Reconnue non coupable.
Par élimination, il ne restait donc qu’un seul coupable potentiel : la rugosité. Pour vérifier cette hypothèse, on a décidé de faire tester plusieurs types de jeans : des plutôt lisses et des plutôt rugueux. Et tous les résultats nous ont confirmé que plus le jean est épais et rugueux, plus il troue vite :
Bref, après plusieurs mois d’essais (et quelques milliers d’euros dépensés…), on avait enfin identifié le coupable : la rugosité. Exactement le contraire de ce qu’on aurait pu penser intuitivement : un jean de cow boy bien épais risque de trouer plus vite à l’entrejambe qu’un jean tout fin.
Et maintenant, ne restait plus qu’à développer notre tissu. Deux options s'offraient à nous.
Vous devinez déjà ce qu’on a choisi, non ?
Pour trouver une usine qui accepte de faire un tel développement avec nous, il fallait se lever de bonne heure. C’est du temps, de l’argent et on n’est pas Levi’s. Au départ, on espérait commander max 10 000 mètres de tissu par an, soit un peu plus de 100 000€… Économiquement pas très intéressant pour un industriel.
Pourtant, Tissage de France, l’usine des Vosges qui fabrique le denim de la marque 1083, a tout de suite accepté de travailler avec nous sur ce projet. Le deal : on partage les coûts de développement et si ça marche, l’usine pourra réutiliser tout ce qu’on a appris ensemble dans d’autres projets avec d’autres clients (c’est déjà ce qu’on avait fait avec succès lorsqu’on a développé nos chaussettes).
Pour développer un tissu denim pas trop rugueux mais qui garde quand même une belle tenue, on a décidé ensemble de tisser :
Mais on ne n’est pas arrêté là : on voulait aussi résoudre le 2e gros problème remonté dans notre questionnaire : le fait que les jeans se détendent et finissent par prendre une taille. Pour ça, au lieu de filer l’élasthanne en même temps que les fibres de coton (la méthode classique dite “corespun”), Denis, le directeur de l’usine, nous a recommandé de retordre deux fils de coton autour d’un filament d'élasthanne (la méthode “guipée”, plus chère mais a priori plus efficace).
Il nous a fallu quelques essais pour faire les derniers ajustements (notamment sur la taille du fil d’élasthanne), et enfin : on a réussi à tisser un denim qui tient la route. La preuve :
Oui mais si c’est pour faire un denim solide mais moche, ça ne sert pas à grand-chose, n’est -ce pas ? Bonne nouvelle, notre tissu ressemble à ça :
Avec le développement du tissu, on avait fait le plus gros. Parce que pour confectionner le jean, on savait à qui s’adresser : 5D, notre usine portugaise géniale spécialiste des pantalons (et qui fabrique pour plein de chouettes marques françaises).
Comparé à celui de notre tissu, notre cahier des charges pour la confection était assez simple… On voulait :
Après quelques allers-retours sur la coupe, on tenait notre jean ! Beau, confortable et solide. C’était parti pour la première production.
Parenthèse : ouille le prix
Ce jean, on le vend 100€. Oui, c’est pas donné… mais ce n’est pas si cher que ça.
D’abord, la phase de développement nous a coûté pas mal d’argent : entre les tests labos, le développement d’essais de tissage et les allers-retours sur les prototypes, on en a eu pour une dizaine de milliers d’euros (sans compter notre temps de travail).
Ensuite, le tissu coûte environ 15€/m à produire, soit presque deux fois plus cher que les toiles classiques made in Italy : coton bio, filature ringspun, coton peigné, fil d'élasthanne guipé plutôt que corespun, made in France… notre éthique et nos choix de qualité ont un coût.
Enfin, la confection est soignée et made in Portugal, avec donc des salaires bien plus élevés que 95% des jeans du marché, fabriquées majoritairement en Asie ou au Maghreb.
Mais comme on ne fait ni collection, ni soldes, ni pubs, et que nos actionnaires ne nous poussent pas à faire une grosse marge (plus de détails ici), on ne le vend “que” 100 euros (pour l’instant - ce prix pourra changer avec l’inflation sur l’énergie et les matières premières).
Cela fait bientôt un an qu’on a lancé ce jean : on commence à avoir du recul sur la façon dont il vieillit. D’abord, les personnes qui l’ont acheté ont l’air très satisfaites : il est noté 4,7/5 par plus de 100 personnes, c’est vraiment génial.
Non.
D’abord, sur plus de 2000 jeans vendus, on a déjà eu 3 remontées de trous : des gens qui avaient une pratique régulière du vélo ou de la moto. Or, on a conçu ce jean pour bien résister aux frottements “cuisse contre cuisse”… mais il ne sera pas beaucoup plus résistant que les autres jeans pour les frottements “cuisse contre selle” (même si à chaque fois, les clients concernés nous ont dit qu’ils avaient troué leur jean Loom moins vite que les autres).
Et même pour les frottements liés à la marche classique, s’il résistera probablement plus longtemps que la moyenne, il est très probable qu’il finisse lui aussi par trouer un jour : bref, comme n’importe quel vêtement en matières naturelles, ce jean finira par s’user.
Est-ce qu’on pourrait fabriquer un jean encore plus résistant ?
Impossible, à moins d'utiliser beaucoup de matières synthétiques : pour augmenter la résistance d'un vêtement, le plus simple reste de remplacer le coton par du polyester. Problèmes : ce n'est pas agréable au porter, ça retient les odeurs et surtout, on pense qu'il y a urgence à ce que la mode se désintoxe de son addiction au plastique (on vous en parle dans cet article).
Pas tant que ça. Parce que comme tous les vêtements, un jean, ça se répare. En fait, les jeans se réparent même plus facilement que les autres vêtements. D’abord, leur alternance de fils bleus et blancs fait qu’ils sont peu uniformes visuellement… et que les réparations peuvent donc être quasi-invisibles. Pour les trous à l’entrejambe, on peut donc ajouter un patch de tissu à l’intérieur du jean au niveau du trou puis le recoudre avec un fil de la bonne couleur… Et voici le résultat :
En plus, même si la réparation se voit un peu, ce n’est pas si grave : les experts du denim considèrent que ce qui fait la beauté d’un jean, ce sont les marques de ce qu’il a vécu. Le délavage (on a d'ailleurs fait tout un article sur le sujet), les accrocs, les réparations, bref, la “patine” sont autant de cicatrices qui lui donnent de la valeur – et que plein de marques essayent d’ailleurs de reproduire artificiellement en usine.
Si notre jean finira par s’abîmer et qu’il se répare relativement facilement, est-ce que ça valait le coup de s’embêter autant ?
On espère que oui : si le premier trou à l’entrejambe apparaît un ou deux ans plus tard que d'habitude, c’est toujours ça de gagné. Et puis, pour développer ce jean, on a dû comprendre la science derrière les vêtements, et ça, ça nous anime vraiment. Enfin, soutenir les usines françaises en faisant de la R&D avec eux, c’est une mission qu’on trouve noble et passionnante.
Mais il faut rester lucide : le vêtement inusable, ça n’existe pas… et ça n’existera jamais. Le plus important pour garder un vêtement longtemps, ce n’est pas sa qualité intrinsèque : c’est surtout comment on en prend soin. Les vêtements de nos grands-parents étaient sans doute bien moins résistants que ceux d’aujourd’hui. Pourtant, ils les gardaient beaucoup plus longtemps. Parce qu’ils savaient les entretenir, les réparer, les raccommoder.
A notre tour, il faut qu’on réapprenne collectivement à prendre soin de nos vêtements. Mettre une serviette avant de manger des pâtes à la tomate, raser les bouloches de ses pulls ou de ses chaussettes, laver délicatement ses pulls en laine, recoudre nos boutons, réparer les accrocs… et raccommoder les trous à l’entrejambe de nos jeans.
Bref, des vêtements qui durent longtemps, ce sont surtout des vêtements qui vieillissent bien.
Achetons-en moins, prenons-en soin.
Qui on est pour dire ça ?
Vous êtes sur La Mode à l’Envers, un blog tenu par la marque de vêtements Loom. L'industrie textile file un mauvais coton et c'est la planète qui paye les pots cassés. Alors tout ce qu’on comprend sur le secteur, on essaye de vous l’expliquer ici. Parce que fabriquer des vêtements durables, c’est bien, mais dévoiler, partager ou inspirer, c’est encore plus puissant.
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Cela peut sembler surprenant mais si on parle juste d’argent, ouvrir une boutique, ce n’était pas forcément une bonne idée pour nous. Certes, pour les marques nées sur internet, c'est assez tentant d’avoir pignon sur rue : dans une boutique, les gens viennent gratuitement, alors que pour les faire venir sur un site de e-commerce, en général, il faut faire de la pub. Dans la rue, pour se faire connaître, il suffit d’avoir une jolie vitrine et d’être au bon endroit. Alors c'est vrai que ça coûte un peu de sous au départ (joie des “fonds de commerce” et des travaux) mais sur le long terme, ça revient moins cher que les dépenses marketing en ligne.
Oui mais voilà, avec Loom, on a la chance de ne pas avoir besoin de faire de pub : tous nos clients viennent par bouche-à-oreille (ou parce qu’ils ont entendu parler de nous dans les médias). Alors forcément, le choix d'ouvrir une boutique est moins évident pour nous. C’est d’ailleurs une question qu’on nous a posée à chaque rendez-vous avec les banques : “Pourquoi vous embêter avec une boutique alors que votre business en ligne est rentable ?”.
Et c’est vrai vendre en magasin, c’est beaaaaucoup plus compliqué que de vendre en ligne : dégâts des eaux, vols, travail le week-end etc… Alors qu'en ligne, on reste tranquillou derrière notre ordi.
Si on s’est décidé à avoir un magasin, ce n’est pas par masochisme : il y a pleins d'avantages, pour nous comme pour vous. D'abord, parce que c'est génial d'imaginer une boutique : on découvre un nouveau monde, on apprend plein de trucs et on décide ce qu'on y met, ce qu'on ne veut pas. Et puis, pouvoir vous rencontrer en chair et en os, entendre vos histoires et vos blagues sur nos vêtements, ça n'a pas de prix.
De manière plus pragmatique, une boutique, cela va vous permettre d’essayer, toucher et voir nos vêtements avant de les acheter. Finis les échanges de colis parce que la taille n’est pas la bonne ou parce que la couleur ne rend pas pareil que sur le site. Ça fait des économies pour nous, et c’est moins de galères pour vous.
De notre côté, on pourra se rendre compte de comment nos vêtements vous vont en vrai. Et vous pourrez nous dire directement ce qui vous plaît et ce qui ne va pas : on va apprendre plein de nouvelles choses pour améliorer nos vêtements, des choses qui ne se disent pas sur les messageries ou avec des sms et qu’on n’aurait jamais pu comprendre autrement.
Bref, on pense que cette boutique va nous permettre de fabriquer de meilleurs vêtements. Et si on pense "long terme", faire de meilleurs vêtements, c'est bon pour notre business.
L’autre raison qui nous donne envie de d'ouvrir un magasin physique, c’est qu’on se rend compte qu’avec la montée des ventes en ligne, ils sont de plus en plus nombreux à disparaître. Selon cette étude, la croissance du e-commerce a entraîné la destruction de 114 000 emplois entre 2009 et 2018. Pour, à la place, embaucher… des livreurs. Aujourd’hui en France, livrer, c’est un job mal payé, mal protégé et risqué. Certes, on entend souvent parler de ce que fait Amazon, mais on retrouve des conditions difficiles chez toutes les entreprises de livraison : par exemple, les livreurs Colissimo de la région parisienne sont à 85% des sous-traitants, obligés parfois de faire du 5h-20h pour finir leur tournée. Chez Loom, comme on ne peut pas livrer nous-même les produits commandés en ligne partout en France, on délègue l’activité de livraison. Bref, on doit être lucide : on participe à ce système.
Et puis, au-delà des conditions de travail des livreurs, il faut bien admettre que la disparition des petits commerces pose de graves problèmes dans les villes. Avec toutes ces vitrines vides et ces rideaux baissés, les centre-villes se désertifient. Avec pour conséquences une perte de qualité de vie pour les habitants, un sentiment d’abandon et une montée de l'extrême droite (cf. cet article). Les commerces ne sont pas que des lieux de transaction financière, ce sont aussi des lieux de vie sociale extrêmement importants pour les villes. Certes, cette dévitalisation urbaine n’est pas nouvelle et est d’abord liée au développement des zones commerciales de périphérie, mais on n’a pas trop envie que le e-commerce finisse le travail.
"Euh vous ouvrez une boutique au centre ville de Paris et vous prétendez sauver les petits commerces et revitaliser les centre-villes abandonnés ?"
Non, on est bien conscients qu’ouvrir un magasin à Paris ne changera pas grand-chose. D’ailleurs, même si cette boutique cartonne, on fera encore la majorité de nos ventes sur internet. Mais on espère que c'est un premier pas vers un autre modèle...
Récapitulons : à l'avenir, si cette première boutique tourne (ce qui n’est pas encore gagné), on voudrait vendre plus en ville et moins en ligne. Et plutôt dans les villes où il n'y a plus beaucoup de magasins.
Alors, comment pourrait-on s'y prendre ?
En gros, on a deux options.
La première option, ce serait d’ouvrir des boutiques Loom dans plein de villes. Bof. Aujourd’hui, quand on se balade dans les centre-villes, on retrouve partout les mêmes enseignes qu’on soit à Bordeaux, Lyon ou Clermont-Ferrand (les franchises représentent déjà plus de 60% des commerces dans les grandes villes) et on pense que cette uniformisation des villes est un peu triste. Et à nouveau, il faut qu’on soit lucide : ça ne change pas grand-chose que ces boutiques soient des H&M, des Mango ou des Loom. Ce qui fait l’âme d’une ville, ce sont les petits commerces indépendants : ceux qui ont monté leur affaire, qui connaissent les clients et clientes et qui font, par définition, que leur ville ne ressemble à aucune autre.
Alors notre vision à long terme, ce serait plutôt de proposer nos vêtements Loom via des revendeurs multimarques indépendants, comme le font par exemple Patagonia ou Veja. Pour l'instant, on ne peut pas se le permettre car notre marge est trop petite pour pouvoir rémunérer convenablement des éventuels revendeurs. A l’avenir, on espère pouvoir changer cela, non pas en augmentant le prix de nos vêtements mais parce qu'on aura déjà rentabilisé tel ou tel investissement, qu'on aura moins besoin d'argent pour faire tourner notre entreprise et qu'on pourra donc laisser à ces commerces de centre ville suffisamment d'argent pour qu'ils assurent la commercialisation de nos vêtements.
Même si on ouvre notre boutique, notre credo reste le même : ne pas vous faire acheter des choses dont vous n’avez pas besoin. Comment on fait ? D’abord on y applique les mêmes règles que sur notre site : pas de collections, pas de soldes, pas de promos, pas de prix en 9,99… Et puis, on a revu le mode de rémunération de l'équipe en boutique. Généralement, quand on travaille en magasin, plus on vend, plus on touche de primes. Ce système peut encourager à vendre des vêtements à tout prix... On a préféré indéxer la part variable de la rémunération sur les avis Google afin que le seul intérêt économique de l'équipe en boutique, c'est que vous vous y sentiez bien - pas que vous achetiez beaucoup.
Dans les magasins de prêt-à-porter, les gens sont souvent au salaire minimum. Avec les loyers parisiens, c’est insuffisant pour vivre dignement. Dans notre boutique, le salaire de base pour les conseillers et conseillères de vente est donc supérieur de 20% au SMIC.
Proposer un niveau de rémunération juste, ça nous semble être la base. En plus, à moyen terme, ça a des avantages économiques pour nous : on peut recruter des personnes plus calées et motivées, qui vont mieux gérer la boutique. Et puis on espère aussi avoir moins de démissions qu’ailleurs (pour les boutiques de vêtements, c’est un gros problème, un peu comme dans les métiers de la restauration dont on parle beaucoup en ce moment).
Le problème, comme on commençait à l’expliquer plus haut, c’est que notre marge est assez faible : pour définir nos prix de vente (TVA comprise), on multiplie les coûts de production par 2,5, quand certaines marques font jusqu’à x10. Sur internet, on arrive quand même à être rentable, notamment parce qu’on ne fait pas de pub. Mais en boutique, c’est beaucoup plus compliqué. Il y a beaucoup plus de frais de personnel : il faut des gens pour vous conseiller, vous encaisser, replier les vêtements que vous avez essayés… Autant de tâches qui n’existent pas sur un site web.
Alors si on met tous ces paramètres en équation, on se rend compte qu’on a un petit problème d’équilibre économique.
Pour que notre projet tienne la route économiquement, on a fait un choix qui pourrait paraître un peu surprenant : on a pensé notre boutique pour qu’elle soit “self-service”, c’est-à-dire que vous pourrez y être relativement autonomes. Alors une fois n’est pas coutume, on fera comme dans les boutiques de fast fashion : chez nous, toutes les tailles seront disponibles sur les étagères. Par exemple, si vous voulez essayer votre jean brut en taille 31, vous pourrez vous servir sans être obligé de demander à quelqu’un d’aller chercher votre taille dans les stocks. D’une part, c’est plus pratique pour vous… et d’autre part, c’est moins cher en salaires pour nous. Par contre, on sera bien sûr toujours là pour vous conseiller : vous montrer comment enlever les bouloches d’un pull en laine, expliquer l’intérêt de la mercerisation sur le tissu de notre chino ou vous dire honnêtement si cette couleur vous va ou si elle vous fait le teint rougeaud.
Mais la conséquence de ce choix de boutique en self-service, c’est qu’il nous fallait une surface assez grande pour y caser toutes les tailles de chacun de nos produits. Du coup, notre espace de vente fait 120 m2, quand plein de boutiques classiques peuvent se contenter de 30 ou 40 m2.
En plus, on la voulait assez centrale, cette boutique, pour qu’elle soit pratique d’accès pour les gens de passage à Paris. Poussant l’originalité à son paroxysme, nous avons décidé d’ouvrir notre magasin dans un petit quartier qui monte, très peu commercial, connu des initiés sous le nom de “Marais”.
Le problème, c’est que le loyer d'une grande surface dans le Marais... ce n'est pas très abordable. Alors, on a choisi une rue très sympa mais pas très passante, beaucoup moins chère que les rues touristiques juste à côté.
Au passage, on doit avouer qu’on a eu des sacrés coups de pouce de notre écosystème pour faire des économies : pas de fonds de commerce à payer grâce à notre bailleur social, un prêt à un taux intéressant grâce à l’association Paris Initiative Entreprise et à la banque éthique La Nef, plein d’articles instructifs de l’école du recrutement, des conseils de la Fédé du prêt à porter, un stage dans une boutique APC pour apprendre le métier…
Au final, ce choix de boutique en self-service dans une rue pas trop passante, ça change pas mal l’équation qu’on vous avait présentée tout à l’heure :
Alors, y'a des panneaux solaires ?
Non, il n’y a pas de panneaux solaires sur les stores, nos meubles ne sont pas fabriqués en plastique recyclé, il n’y a pas de borne de recyclage et on a même installé une clim’ (pour offrir des conditions de travail convenables à l’équipe de la boutique pendant les périodes de canicule). Parce que, si on regarde les ordres de grandeur, l’écoconception d’une boutique, ce n’est pas ce qui compte vraiment si on veut réduire l’impact écologique de l’industrie textile. De la même façon que les packagings "éco-responsables" ont un impact environnemental dérisoire par rapport aux vêtements, le mobilier des boutiques a un impact négligeable par rapport aux vêtements qui y sont vendus.
Ce qui pollue vraiment dans une boutique d’habillement, ce sont les fringues qu’on y vend.
Ça ne veut pas dire qu’on ne fait pas attention à l’impact environnemental de la boutique : nos étagères sont en mélaminé (de la sciure recyclée et compactée), tous les gravats ont été triés et recyclés, on fermera la porte quand il fait chaud ou froid, on ne mettra jamais la clim à 18°, on a mis des stores pour limiter la chaleur en été, on n’imprimera pas systématiquement les tickets de caisse et on évitera de donner des sacs à usage unique… Mais ce qui compte vraiment, c’est qu’on a choisi des matériaux résistants et des meubles modulables pour ne pas avoir à tout refaire dans 2 ans.
Venez pour des vêtements, repartez avec des idées
Au-delà des vêtements, ce qui compte vraiment pour nous, c’est que vous repartiez de la boutique en sachant un peu plus de choses qu’en y rentrant. C’est pour ça que dans notre boutique, vous allez avoir beaucoup de lecture, avec un paquet de textes et d’explications sur notre démarche et nos produits (en particulier, l'ingénierie textile qu’il y a derrière). Et vous allez même pouvoir repartir avec de la lecture pour chez vous : on y vend nos 10 livres préférés (ou en tout cas, tous ceux qui nous ont aidés à mieux comprendre le monde et à construire Loom).
Et surtout, on a recruté une équipe différente de celles qu’on a l’habitude de croiser quand on fait du shopping, une équipe qui se forme plus aux enjeux écologiques qu’aux techniques de ventes : avec Boris, Clara et Clément, vous pourrez parler techniques textiles, réparation des vêtements, avenir de la mode ou écologie. Le temps qu’on économise grâce au caractère “self-service” de la boutique, on espère pouvoir le consacrer à discuter avec vous.
Si vous passez nous voir à la boutique, il est probable que vous vous disiez qu’elle n’a finalement rien d’exceptionnel. Comme notre site internet qui ressemble à celui de milliers d’autres marques de vêtements, notre boutique n’est pas très différente de celles que vous trouverez dans toutes les rues commerçantes de France : des t-shirts sur des étagères, des chemises sur des cintres, des cabines d’essayage, des personnes qui vous conseillent et rangent les vêtements. Chez nous, pas de déco ultra-stylée, pas de panneaux solaires, pas d’intelligence artificielle dans nos cabines… Nous croyons que le changement dont on a besoin dans le secteur de la mode ne requiert aucune technologie mais un retournement des mentalités : produire mieux même si cela coûte plus cher, consommer moins en renonçant à vous faire acheter des choses dont vous n’avez pas besoin.
Si vous voulez passer à la boutique, on est au 4 rue Barbette dans le 3e arrondissement de Paris et on est ouvert du mardi au samedi, de 11h à 19h30. Le samedi il y a souvent beaucoup de monde : si vous voulez être tranquille, venez plutôt en semaine.
Il arrive que nos chaussettes, socquettes et chaussettes en laine boulochent après quelques mois de port pour différentes raisons :
Si ces bouloches ne vous dérangent pas (et on est plutôt de cet avis chez Loom) vous pouvez aussi les laisser vivre leur vie de bouloches : personne ne les verra à part vous et elles ne fragilisent pas vos chaussettes.
Si ces bouloches vous dérangent vous pouvez très bien les éliminer à l’aide d’un rasoir à bouloches électrique comme celui-ci à 29€ (malheureusement, on ne le trouve que sur amazon et ça nous fait bien mal au coeur) ou comme celui-ci, trouvable chez Darty où son prix oscille entre 24€ et 50€ selon les périodes. Ça n'abîmera pas vos chaussettes et ça vous prendra moins de deux minutes :
Vous commencez à nous connaître, on ne recule jamais devant l'occasion de vous montrer un avant / après satisfaisant :
Faîtes bien attention à ne pas trop appuyer le rasoir à bouloche sur votre vêtement, en particulier pour les mailles texturées. C’est le cas par exemple pour le haut de nos chaussettes qui est tricoté en point “nid d’abeille”, et dont les mailles peuvent se glisser dans le rasoir si on appuie trop l’appareil. La lame du rasoir pourrait alors couper un fil de laine et former un trou.
Qui suis-je pour vous parler d’entretien de vos vêtements ?
Je m’appelle Claire et je suis en charge de suivre la production chez Loom. En gros, j’essaye d’éviter les ruptures de stock sur notre site (bon c’est pas encore parfait, mais j’y travaille) et je m’assure tout au long des étapes de fabrication que les vêtements sont conformes à nos exigences de qualité.En plus de ça, je suis passionnée par tout ce qui permet d’allonger la durée de vie de nos vêtements : entretien, réparation et autres astuces de grand-mère. J’aime donner des “petits suppléments d'âme” aux vêtements, les retravailler, les réparer, leur redonner une chance quand plus personne ne veut d’eux. Sur ces pages, j'essaierai de vous transmettre ce que je sais et qui pourrait vous être utile.Dernière chose : toutes les astuces que vous trouverez sur ce site, je les ai vraiment testées et je me suis assurée personnellement qu’elles marchent (en d’autres termes, ce n’est pas un copié-collé de recherches sur internet). Si vous en avez des nouvelles à me suggérer, n’hésitez pas à laisser un commentaire en dessous de cet article.
En 2016, c’était les débuts de Loom et on voulait créer la chemise qui n’aurait pas les problèmes des autres chemises. Et ce que nous remontaient les gens, c’est que la première raison pour laquelle on jette ses chemises blanches, ce sont les tâches. La solution paraissait évidente, il fallait fabriquer…
Août 2017. Le site BonneGueule, référence de la mode masculine en France, sort un article où sont comparées les chemises de différentes marques. Dont notre chemise intachable. Et leur analyse fait mal :
Bref, notre chemise n’était vraiment pas top. Et en plus de ça, on avait affirmé des choses complètement fausses.
Peut-être que vous êtes tenté de nous laisser le bénéfice du doute, vous vous dites que BonneGueule s’est trompé, ou a été particulièrement dur avec nous ? Vous êtes vraiment sympa mais on a dû se rendre à l’évidence : toutes leurs critiques étaient bien justifiées.
La première chose qu’on a fait, c’est écrire à notre confectionneur de chemise : comment ça on n’a pas des boutons en nacre ? Comment ça nos coutures ne font pas 7 points par centimètres ?
On se rend compte alors que ces “manquements” sont en partie de notre faute : on n’avait pas été assez clairs dans nos demandes écrites.
On revoit donc notre manière de travailler avec nos usines : dorénavant, on enverra un fichier très spécifique qui précise tous les détails des vêtements qu’on produit : un “techpack” comme on dit dans le milieu. Et on change bien sûr la page de cette chemise sur notre site, en enlevant toutes les promesses injustifiées.
Mais on se rend aussi compte qu’on n’est pas les seuls fautifs dans l'histoire : quelques semaines plus tard, ce même confectionneur nous livre une cargaison de chemises avec des erreurs de mesures dans tous les sens. On comprend alors que la production a été sous-traitée à une autre usine, qu’on ne connaît pas.
La confiance est rompue, on décide donc d'arrêter de travailler avec lui et de partir à la recherche d’un nouveau partenaire. Plusieurs personnes de confiance nous redirigent vers Supercorte.
Comment savoir si cette usine fait de la bonne qualité ?
Pendant longtemps, on ne contrôlait que les prototypes, et pas les vêtements issus de nos grosses productions. Pourtant, quand on est attaché à la durée de vie des vêtements, la conformité à un tableau de mesure par exemple, est aussi importante que la solidité d’un tissu : si une chemise est trop étroite de 2 cm aux épaules, elle n’est pas portable. On a donc mis en place tout un tas de choses pour minimiser ces risques de “non-conformité” : tests, contrôles des mesures… et recrutement d’une personne spécialement dédiée à ce sujet.
Parmi tous les critiques difficiles à lire de l’article, la plus inquiétante était quand même celle sur la matière :
Tout ça laisse penser que cette matière “intachable” contient des additifs chimiques pas tops du tout. Certes, ce tissu respectait bien la norme REACH exigée pour fabriquer et vendre des produits dans l’Union Européenne (norme que tout le monde ne respecte pas, en particulier Shein comme l’a montré ce documentaire).
Mais pour être absolument certains d’avoir un tissu inoffensif, on aurait dû demander la norme dite “OEKO-TEX” - ce qu’on exige désormais pour chacun de nos tissus.
En creusant ce sujet, on a compris qu'il valait mieux éviter tous les traitements censés donner certaines “super-propriétés” aux tissus : ils sont souvent à base de composés chimiques pas très cool, comme les “PFC” qui peuvent contaminer l’environnement pendant des siècles et qui ont des effets encore incertains sur la santé humaine (les fameux perturbateurs endocriniens…).
On a donc décidé d'arrêter de produire cette chemise intachable. Et puis, on s’est interdit tout ce qui est traitements “repassage facile” sur nos chemises, propriété “anti-odeur” sur les chaussettes, apprêt “séchage rapide” sur le tissu de notre maillot de bain… Est-ce que ça vaut le coup de risquer sa santé pour trois minutes de repassage de moins ?
Cet article de BonneGueule, au même titre que les retours de nos clients, ont fait tomber une de nos croyances : pour faire des vêtements de qualité, on ne peut pas accorder une confiance aveugle aux usines.
Les gens en usine font un travail très difficile et d’une grande valeur, mais ils sont loin de tout savoir. En particulier, contrairement aux marques, ils ne savent pas forcément comment les vêtements vieillissent. Chez Loom, on demande systématiquement à nos clients ce qu’ils pensent de nos vêtements un an après les avoir achetés. On connaît donc tous les points potentiels de fragilité et on sait souvent mieux que les usines sur quoi il faut être vigilant. Par exemple, sur un t-shirt, notre expérience nous a appris à faire très attention à la déformation. Et s’il est foncé, on sait qu’il faut être vigilant sur la tenue des couleurs car elles peuvent délaver avec le soleil et la transpiration.
Bref, si on veut vraiment améliorer la qualité de nos fringues, il est primordial de comprendre la science derrière la qualité des vêtements : la maîtrise technique doit aussi être de notre côté.
Et on s’y attelle tous les jours dorénavant, en lisant des études, des livres, en discutant avec les directeurs techniques des usines, les responsables de qualité d’autres marques, en faisant nos propres tests….
Aujourd'hui, à chaque fois qu'on apprend quelque chose sur la qualité des vêtements, on essaie de croiser les sources et de ne pas prendre seulement les chiffres ou les informations qui nous arrangent. A tel point que c’est devenu un de nos principes de communication :
Avec cette nouvelle manière de faire, on a re-questionné point par point ce qu’on prenait pour acquis sur les chemises ("est-il vrai que tel détail apporte de la solidité ?"). Et ça nous a conduit à faire pas mal de changements.
D’abord, on a décidé de ne pas utiliser de boutons en nacre : c’est vrai que cette matière est très belle (c’est pour ça qu’on en retrouve sur les chemises haut de gamme), mais on a constaté que ces boutons pouvaient casser en machine. On a donc opté pour des boutons en résine épais qui résisteront mieux aux lavages. Et on renforce aussi systématiquement leur fixation avec une machine Ascolite, qui entoure le pied du bouton d’un fil supplémentaire soudé à chaud.
Ensuite, on s’est posé la question des “hirondelles de renfort”, ces petits triangles de tissu entre l’avant et l’arrière de la chemise, censés renforcer leur solidité. On a pris une chemise de fast fashion sans hirondelles, on a tiré de toutes nos forces de chaque côté : elle n'a pas bougé. Encore un détail esthétique et non pas un élément renforçant la solidité : on a décidé de les retirer.
Enfin, on a renoncé aux coutures anglaises et aux 7 points par cm : à une époque, il est possible que cela ait amélioré la résistance, mais aujourd’hui, les fils de couture les plus utilisés (en "polycoton'') sont particulièrement solides, rendant superflu ce genre de détails. Cela ne veut pas dire que les chemises qui ont ces coutures sont nulles, juste qu’il s’agit d’un choix esthétique et non de solidité.
Au départ, comme vous l’imaginez, lire cet article de BonneGueule nous a un peu mis un coup.
Mais cet article nous a aussi fait du bien (c’est notre coté sado-maso) - il a été un des électrochocs nécessaires pour nous faire changer radicalement notre manière de développer des vêtements : arrêter de travailler avec des usines qui ne sont pas fiables, mieux contrôler la qualité de nos productions, vérifier ce que tout le monde prend pour acquis, développer notre connaissance textile… et enfin, arrêter de “surpromettre”.
Parce que c’est normal de ne pas arriver à faire des produits sans défaut, ce qu’on veut éviter, c’est d’affirmer qu’ils le sont. Et à l’époque, les superlatifs qu’on utilisait pour nos produits étaient prétentieux… et faux.
En fait, on était victimes de jaitoutcomprisme : quand on commence à s’intéresser à un domaine (la qualité des vêtements dans notre cas), on est souvent victime d’un biais de surconfiance.
Dans notre cas, après avoir discuté 2h avec un directeur d’usine et lu 2 articles sur la longueur des fibres de coton, on pensait avoir craqué la recette de la longévité des vêtements. Sauf que la qualité textile est un sujet extrêmement complexe et qu’on n’aura jamais tout compris, même après une vie entière à s’y consacrer.
A l’époque, on promettait “les meilleurs vêtements du marché” et ça marchait : la plupart des gens ont envie d’y croire et ça faisait vendre. Mais sur le long terme, on a compris que ça créait beaucoup des déceptions : il y aura forcément un t-shirt de votre placard qui tiendra aussi bien voir mieux que votre t-shirt Loom.
On a donc renoncé à “sur-promettre” : dorénavant, on essaye d’être plus mesurés et factuels quand on vante les mérites de nos produits. Et on a même inscrit ce principe dans notre “bible éditoriale” :
Et finalement, cette volonté de faire les meilleurs produits du marché, et de prendre une position dominante, cela ne correspond plus à ce qu’on voudrait pour l’industrie textile : on pense qu'il faudrait un éco-système de milliers de petites et moyennes marques différentes plutôt qu'une poignée de multinationales qui dominent les autres, comme on l’avait écrit à la fin de l'article Du charbon dans le coton :
"Aujourd’hui, une poignée de marques mondiales géantes étouffent les autres avec la course aux prix bas et uniformisent les goûts vestimentaires du monde entier. Demain, elles pourraient laisser la place à des milliers de marques, plus locales, plus réfléchies, plus créatives, qui créent moins de misère et d’inégalités.
Aujourd’hui, on passe nos samedis après-midis à acheter toujours plus de fringues alors que nos placards débordent déjà, dans des rues commerçantes où l’on retrouve inlassablement les mêmes magasins, qu’on soit à Saint-Malo, Brive, Paris ou Nancy. Demain, on pourrait retrouver le plaisir de faire des achats réfléchis. De s’habiller avec des vêtements plus beaux et plus résistants. De (faire) recoudre un bouton au lieu de jeter une chemise. De découvrir une boutique qu’on n’aurait jamais vu ailleurs."
On est presque 5 ans après la publication de cet article de BonneGueule, on a revu de fond en comble notre manière de faire nos chemises, et on pense que le travail a payé :
Aujourd’hui, on est plutôt fiers des chemises Loom qu’on propose à la vente : elles sont robustes, pas mal coupées, produites localement, à un prix abordable et les clients en sont satisfaits.
Mais peut-être que dans 2 ans - avec les nouvelles connaissances textiles qu’on aura engrangées, les nouveaux retours de nos clients et clientes, les nouvelles innovations de l’industrie textile - quand on relira cet article, on se dira qu’on ne savait encore rien et qu’on était bien naïfs.
Si vous avez déjà commandé chez nous, vous savez peut-être que, un an après votre achat, on vous envoie un mail pour vous demander ce qu’est devenu votre vêtement et surtout si vous le portez encore. Parfois, vous nous dites que vous ne portez plus vos pulls parce qu'ils ont bouloché... et il n'y a rien qui me désole plus (sauf peut-être les Gargouilles ou les armoires chauffantes) parce qu’avec les bons outils, on peut enlever les bouloches hyper facilement. Et c'est que je vais vous montrer dans cet article.
Les bouloches apparaissent sur les zones de frottement donc sous les bras, dans le bas du dos (si vous portez fréquemment un sac à dos), sur vos cols (si vous avez de la barbe)… La raison ? Avec les frottements, les fibrilles qui dépassent de la maille s’entremêlent les unes aux autres et forment des bouloches. Illustration :
La bonne nouvelle, c’est que plus vous enlevez les bouloches, moins elles réapparaissent. Et oui, “déboulocher” élimine une partie des petites fibrilles qui forment les bouloches. Quand il n’y a plus de fibrilles, il n’y a plus de bouloches possibles !
Chez Loom, pour éviter au maximum ce phénomène de boulochage sur nos pulls, on procède en deux étapes :
Toute la subtilité ensuite est de trouver le meilleur compromis entre une laine plus pelucheuse qui sera douce mais qui aura plus tendance à beaucoup boulocher et une laine plus rêche qui boulochera très peu mais qui sera moins confortable.
Une rapide recherche sur internet vous révélera qu’il y a un paquet d’instruments qui permettent d’enlever les bouloches, du rasoir anti-bouloche électrique au peigne spécifique. Oui, mais est-ce que toutes ces méthodes marchent ? Et laquelle est la plus efficace ? La plus écolo ?
Pour répondre à nos interrogations, on a eu la chance de rencontrer Carole, une fille géniale qui tente toujours pleins de “trucs”, depuis l’étude des biais dans le recrutement jusqu’à la conception d'un quiz dédié aux calembours. Et l’un de ses “trucs”, c'est le "bouloches project". Elle en avait marre d'être obligée d'acheter des rasoirs anti-bouloche électriques made in China pour retirer les bouloches, alors elle a décidé de détourner des objets du quotidien pour voir ce qui marche le mieux.
Elle a testé tous les objets qui lui semblaient pertinents et elle les a noté selon 6 critères :
Voici les résultats les plus intéressants de son comparatif :
Oubliez les pierres et brosses anti-bouloches : les tests ont montré qu’elles sont inefficaces et abîment les mailles (peut-être qu’elles fonctionnent mieux sur des tissus en laine type manteau ? Un jour, on testera ça). Même chose pour les rasoirs jetables et autres éponges abrasives.
Mais c’est quoi le mieux alors ? En fait : ça dépend de ce que vous cherchez.
Pour Carole qui essaye d’avoir moins d’objets chez elle, le peigne à poux est sa solution idéale : il est petit et multifonction (sauf si vous n’avez pas d’enfant à la maison, ou que vous avez la chance inouïe qu’ils soient épargnés par ce fléau des cours de récré). Même si son utilisation est un poil plus longue que celle du rasoir anti-bouloche électrique, elle le préfère car c’est un objet “low tech”. Donc un outil sans technologie très sophistiquée, qui ne risque pas de tomber en panne au bout de 10 minutes d’utilisation, qui consomme peu de ressources et qui n’est pas fabriqué à l’autre bout du monde dans des méga-usines pas forcément soucieuses des gens et de l’environnement.
Vous en trouverez dans toutes les pharmacies. Pour enlever les bouloches avec cette méthode, il suffit de peigner votre pull en positionnant le peigne parallèlement à la maille et il arrachera les bouloches telles de vilaines lentes.
En ce qui me concerne, la patience n’étant pas ma plus grande qualité, la solution que je préfère, c’est le rasoir anti-bouloche électrique. Certes, ce n’est pas une solution low tech ni multifonction, mais si vous prêtez attention à certains détails pour choisir un bon rasoir électrique (que je détaille plus bas), vous garderez votre appareil de nombreuses années sans problème.
Faîtes bien attention à ne pas trop appuyer le rasoir à bouloche sur votre vêtement, en particulier pour les mailles texturées. C’est le cas par exemple pour le haut de nos chaussettes qui est tricoté en point “nid d’abeille”, et dont les mailles peuvent se glisser dans le rasoir si on appuie trop l’appareil. La lame du rasoir pourrait alors couper un fil de laine et former un trou.
Si cet article vous donne envie d’acheter un déboulocheur électrique, on vous conseille de veiller aux points suivants :
Je suis particulièrement satisfaite du rasoir à bouloche Beautureal à 29€, malheureusement, on ne le trouve que sur amazon et ça nous fait bien mal au coeur ainsi que du rasoir à bouloche Solac, trouvable chez Darty où son prix oscille entre 24€ et 50€ selon les périodes. En revanche, je vous déconseille le rasoir Philips dont la batterie est devenue extrêmement faiblarde en moins de deux ans. J’insiste donc : privilégiez les rasoirs qui se branchent sur secteur pour prolonger la durée de vie du produit.
Malheureusement, on ne trouve pas d’information concernant le pays de fabrication des deux rasoirs anti-bouloche électriques qu’on vous recommande (ce n’est pas indiqué sur le site web de la marque, ni sur le packaging, ni sur la notice…). Comme les autres rasoirs proviennent essentiellement d’Asie, on imagine qu’il en est de même pour ces deux modèles. Si vous connaissez un rasoir anti-bouloche électrique made in Europe, faites-nous signe !
Si vous avez lu cet article jusqu’au bout, vous faîtes désormais partie du gang des reines et rois de la bouloche. Vous verrez qu’une fois qu’on est bien outillé, on a envie de déboulocher tout ce qui nous passe par la main : tapis, rideaux, t-shirts, chaussettes… Jeter un produit car il est couvert de bouloches ne sera donc plus une option ;-)
Qui suis-je pour vous parler d’entretien de vos vêtements ?
Je m’appelle Claire et je suis en charge de suivre la production chez Loom. En gros, j’essaye d’éviter les ruptures de stock sur notre site (bon c’est pas encore parfait, mais j’y travaille) et je m’assure tout au long des étapes de fabrication que les vêtements sont conformes à nos exigences de qualité.
En plus de ça, je suis passionnée par tout ce qui permet d’allonger la durée de vie de nos vêtements : entretien, réparation et autres astuces de grand-mère. J’aime donner des “petits suppléments d'âme” aux vêtements, les retravailler, les réparer, leur redonner une chance quand plus personne ne veut d’eux. Sur ces pages, j'essaierai de vous transmettre ce que je sais et qui pourrait vous être utile.
Dernière chose : toutes les astuces que vous trouverez sur ce site, je les ai vraiment testées et je me suis assurée personnellement qu’elles marchent (en d’autres termes, ce n’est pas un copié-collé de recherches sur internet). Si vous en avez des nouvelles à me suggérer, n’hésitez pas à laisser un commentaire en dessous de cet article.
J’imagine qu’en décembre nous sommes nombreux à avoir rappelé au Père Noël que nous n’avions besoin de rien et que si vraiment il était pris d’une fièvre acheteuse, nous l’encouragions à se tourner vers les sites de seconde main. Au même moment, plusieurs marques d'électroménager (LG, Samsung, Asko) ont jugé bon de nous vanter les mérites de leurs nouvelles armoires séchantes. Il s’agit de gros frigos super énergivores (194 kWh/an* = 5% de la consommation électrique moyenne d’un foyer français) qui promettent de sécher et de défroisser vos vêtements trois par trois (et pas un de plus) en une heure.
Cette armoire séchante consomme donc, par vêtement, 5 à 7 fois plus d’énergie qu’un appareil électroménager classique selon la fonctionnalité utilisée (et on ne parle même pas de l’énergie grise consommée lors de la fabrication de ces appareils).
Nous pourrions nous arrêter là et conclure que cet appareil est une absurdité. Sauf que la marque LG sème le doute dans nos esprits avec cette campagne de pub où, à grands coups d’archets sur des violons bien culpabilisants, on nous explique que cette armoire séchante nous permettra de garder nos vêtements plus longtemps, et donc de léguer notre vieux sweat dinosaure à notre petit fillot. Il est donc légitime de se demander : pour quelles raisons finit-on par se séparer de nos vêtements ? Est-ce parce qu’on ne les a pas assez repassés ?
Depuis quelque temps chez Loom, on vous contacte un an après votre achat pour vous demander ce qu’est devenu votre vêtement, et surtout si vous le portez encore. Vos réponses nous aident à améliorer nos produits, et permettent à nos futurs clients de porter leurs vêtements encore plus longtemps.
Sur les 2000 personnes qui ont accepté de nous répondre, 94% portent encore leur vêtements un an après leur achat. Les 6% restants ont délaissé leur vêtement pour les raisons suivantes (du plus cité au moins cité) :
Aucun de nos clients ne porte plus ses vêtements faute de repassage. Après de longs calculs, nous arrivons à la conclusion que cette promesse de garder ses vêtements plus longtemps grâce à cette armoire séchante est un mensonge.
Cet exemple d'armoire séchante peut paraître anecdotique mais il ne l'est, en fait, pas tant que ça. Cet objet illustre une fuite en avant technologique, où l’on cherche à inventer toujours plus d'objets pour résoudre des problèmes qui n'existent même pas. Ces objets vont par contre créer des problèmes écologiques bien réels (extraction des matières premières, épuisement des métaux rares, transport, consommation d’énergie donc émission de gaz à effet de serre et réchauffement du climat, impossibilité de réparer ou de recycler ces produits donc production de déchets etc…).Et franchement, on vient de dépasser la 5ème limite planétaire, on pourrait vraiment se passer d’objets inutiles qui viennent aggraver la situation.
P.S. : bien entretenir vos vêtements c’est assez simple et ça ne coûte pas 2000€. On vous explique sur cette page comment faire pour garder vos vêtements longtemps.
* Donnée fournie par LG pour le Styler S3MFC considérant les hypothèses suivantes : consommation d'énergie moyenne par cycle : 0,38 kWh, 500 cycles par an en moyenne.
Qui suis-je pour vous parler d’entretien de vos vêtements ?
Je m’appelle Claire et je suis en charge de suivre la production chez Loom. En gros, j’essaye d’éviter les ruptures de stock sur notre site (bon c’est pas encore parfait, mais j’y travaille) et je m’assure tout au long des étapes de fabrication que les vêtements sont conformes à nos exigences de qualité.
En plus de ça, je suis passionnée par tout ce qui permet d’allonger la durée de vie de nos vêtements : entretien, réparation et autres astuces de grand-mère. J’aime donner des “petits suppléments d'âme” aux vêtements, les retravailler, les réparer, leur redonner une chance quand plus personne ne veut d’eux. Sur ces pages, j'essaierai de vous transmettre ce que je sais et qui pourrait vous être utile.
Dernière chose : toutes les astuces que vous trouverez sur ce site, je les ai vraiment testées et je me suis assurée personnellement qu’elles marchent (en d’autres termes, ce n’est pas un copié-collé de recherches sur internet). Si vous en avez des nouvelles à me suggérer, n’hésitez pas à laisser un commentaire en dessous de cet article.
Comme beaucoup de gens, nous aussi, nous apportons consciencieusement les vêtements dont on ne veut plus dans les bornes de recyclage, en pensant qu’ils seront donnés aux plus démunis. Mais dans l’émission “Sur le Front”, diffusée dimanche 19 décembre 2021 sur France 5, on apprend que plus de la moitié des vêtements collectés dans ces bornes sont envoyés dans les pays étrangers, notamment en Afrique où ils polluent la vie de millions de gens.Rien qu’au Ghana, avec ses 30 millions d’habitants, ce sont 15 millions de vêtements qui débarquent chaque semaine, dont 40% finissent par être entassés dans des décharges à ciel ouvert. Elles débordent tellement que les vêtements partent dans les égouts et finissent par s’accumuler sur la plage et dans l'océan.Ce que l’on comprend dans ce documentaire, c’est que l’Afrique est devenue la poubelle de la mode jetable.Ces déchets textiles viennent surtout de la “fast fashion”, qui nous propose en permanence de nouveaux vêtements à très bas prix. A cause de cette mode jetable, on achète trop : en moyenne, 42 vêtements par an ! Nous ne sommes pas mieux habillés pour autant – nous portons juste nos vêtements moins longtemps et nous les jetons plus vite. Nous jetons tellement que la France n’arrive plus à gérer ces montagnes de textile et doit les envoyer à l’étranger.Et ce n’est pas le seul problème de cette fast fashion :
Malgré les grandes annonces des marques de mode, les volumes produits par l'industrie textile – et donc la pollution – n’arrêtent pas d’augmenter. Si rien n’est fait, la fast fashion continuera de grossir, générant toujours plus de déchets, de pollution et de misère.Pour arrêter d’envoyer nos déchets textiles en Afrique, nous devons développer les infrastructures pour les gérer localement, mais surtout, il faut “fermer le robinet” de la mode jetable, avec des lois !Le mouvement En Mode Climat, dont Loom fait partie, est un collectif d’entreprises cherche à faire changer les lois pour que l'industrie textile lutte vraiment contre le dérèglement climatique. C’est pourquoi nous demandons à Barbara Pompili, Ministre de la Transition écologique, de prendre les mesures suivantes :
La fast fashion n’est bonne pour personne : ni pour la planète, ni pour les ouvriers, ni pour l’emploi, ni pour les habitants des pays à qui nous envoyons nos déchets. Certaines marques et consommateurs essaient de changer les choses, mais leurs efforts sont insuffisants s’ils ne sont pas accompagnés d’une action gouvernementale. Barbara Pompili peut prendre les mesures pour enrayer le développement de ce modèle destructeur. Nous avons tenté d’alerter plusieurs fois son ministère sans parvenir pour l’instant à les convaincre de prendre des mesures fortes. Sans vraie mobilisation citoyenne, les lobbyistes de la fast fashion arriveront toujours à bloquer les lois qui tentent de la réguler. Mais si nous sommes des milliers à signer et à relayer cet appel sur les réseaux sociaux, les médias pourront s’emparer de notre appel et les politiques nous écouteront.
- Proportion vêtements envoyés à l’étranger : le Relais
- Chiffres Ghana : The OR Foundation
- Émissions de Gaz à Effet de Serre Textile : McKinsey, Quantis, WRI
- Emplois perdus : INSEE
- Salaire Bangladesh : Éthique sur l'étiquette
- Salaire Ethiopie : Centre Stern pour les affaires et les droits de l'homme de l'université de New York
- Équilibre économique filière de Tri : FEDEREC
Crédit photo : Winter Production
Nos analyses pour comprendre les dessous de l'industrie de la mode